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Les pérégrinations de Klaus et Clotilde - Carnet de voyage d’une jeune fille rangée
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- Catégorie : Chronique
- Date de publication : Mars 2022
- Editeur : Atramenta
- ISBN : 978-952-390-135-3
- 269 pages / 61120 mots
- 10 sur 10 (7 avis)
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Présentation
Pendant six années, une jeune Française et un jeune Allemand cheminent ensemble à travers leur correspondance, leurs retrouvailles périodiques et surtout leurs voyages. Affinités incontestables d’un côté, fondées sur leur passion commune pour la peinture et la littérature (« Je nous concevais comme des frères siamois », dira Klaus), mais aussi dissonances de plus en plus profondes, surtout après 1968. « Amour, pas amour, seulement de l’amitié ? Un attachement d’ordre intellectuel assurément, lié indubitablement à la curiosité de l’ennemi d’hier et qu’un héritage historique trop lourd et un fossé culturel ont peut-être fait échouer. ». Cet ouvrage donne un aperçu de l'Allemagne un peu plus de vingt ans après la Seconde Guerre mondiale dont les traces sont toujours présentes dans les paysages et les esprits. Ainsi les questions sur la relation amoureuse et son évolution se doublent de questions sur le pays de l'être aimé, son destin, sa responsabilité dans l'histoire du vingtième siècle.
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J'aurais pu écrire un plus long commentaire sur ce livre. J'ai préféré écrire une chronique sur mon blog www.baronne-merly.com
Il méritait une place à côté des auteurs connus ou encensés par la presse littéraire. Claudine LUX possède ce que l'on appelle une plume. C'est une écrivaine talentueuse.
Que penser de cet ouvrage ?
J’avoue ne pas savoir par où commencer, car deux solutions se présentent à moi :
— soit, je détaille chaque paragraphe et là, j’écris un nouveau roman
— soit, j’exprime au mieux ce que j’ai ressenti.
Je vais donc choisir la deuxième option.
Dès les premières pages, j’ai été happée par la facilité avec laquelle Claudine LUX décrit par l’intermédiaire de Clotilde l’environnement dans lequel elle évolue.
Je n’ai eu aucune peine à imaginer le départ de Clotilde et de son amie Hélène de la gare de l’Est jusqu’à leur arrivée à Bad Mingolsheim en Allemagne.
Mais je ne vais pas vous raconter l’histoire !
Le style de Claudine LUX évoque des travaux de broderie. Avec ses mots, elle réussit à nous faire voir des scènes, entendre des conversations familiales comme si nous étions avec les gens dont elle parle.
Elle mentionne des faits historiques méconnus ou oubliés. Elle nous oblige à réfléchir sur les questions concernant le peuple allemand.
Elle nous contraint aussi à nous interroger sur notre histoire française.
Pour le plus grand plaisir de ses lecteurs, Claudine LUX recueille les petites histoires présentes dans la grande histoire de tous les pays qu’elle a visités. Elle se comporte comme une historienne et comme une agence de voyages. Claudine LUX indique parfois les noms de quelques auteurs célèbres ce qui ne peut que ravir les amoureux de la littérature.
Ce roman est un enchantement !
.
Le titre : "Les pérégrinations Klaus et Clotilde" pourrait faire penser à de la littérature sentimentale. Rien de plus erroné. Nul doute que si Claudine Lux, l'auteure, avait présenté son tapuscrit aux Éditions Harlequin, il aurait été impitoyablement refusé.
Rien pourtant de trompeur dans sa terminologie : il s'agit bel bien de voyages et rapports de couple (celui que forment la Française Clotilde et l'Allemand Klaus). Mais d'amourettes mièvres point, pas plus que de roman-photo pour midinettes avec scènes pittoresques dans un cadre idyllique, de petites brouilles sans importance dans un paysage de rêve que gomme vite un rayon de soleil et fin heureuse réconfortante.
De fait, les deux partenaires, bien qu'unis par leur amour de l'art et des voyages, est globalement trop dysfonctionnel pour mettre la larme à l’œil de Margot. On est ici moins dans les sucreries de Delly ou les loukoums de Barbara Cartland que dans l'âpreté du Bergman de "Scènes de la vie conjugale" ou du désenchanté Stanley Donen de "Voyage à deux" (film qui, rappelons-le, suit sur les routes de France, le temps de vacances successives la triste évolution du couple Audrey Hepburn-Albert Finney).
Il en va de même pour ce qui est des "pérégrinations", le récit de voyages étant la grande spécialité de Claudine Lux, dont les ouvrages mériteraient d'être distinguées au festival "Étonnants voyageurs". Jugez plutôt : à la fin du livre située à Hayange, ville industrielle de Moselle, l'auteure nous aura dans l'intervalle baladé en RFA (du Bade Wurtemberg à Hambourg, en passant par Berlin, Munich, Göttingen, et d’autres endroits moins bien connus), ainsi qu'en RDA, en Espagne, au Portugal, en ex-Yougoslavie, en Grèce, en Scandinavie, et... j'en oublie certainement !)
Ce qui ne gâte rien, c'est que le voyage de Clotilde ne s'effectue pas que dans l'espace, il se fait en parallèle dans le temps historique (d'un peu avant à un peu après l'année 1968) et/ou intime (les souvenirs vivaces de l'héroïne la font remonter jusqu'à sa plus tendre enfance)
Voyageuse, Clotilde (le double littéraire de Claudine) l'est dans toutes les fibres de sa personnalité que sa passion pour les vivants, pour la culture, pour les beautés naturelles, artistiques et architecturales, pousse toujours en avant, quitte à explorer des endroits peu ou pas fréquentés du tout par le touriste lambda. Dans les faits, rien ne la retient : ni Franco, ni Salazar, ni les colonels, ni les régimes communistes : elle veut voir pour savoir.
Et toujours en s'interrogeant, sans jamais embellir les choses (les ciels allemands plombés, le climat pluvieux de cette Germanie que pourtant elle adore, la laide architecture fonctionnelle de la reconstruction ; ou alors c'est l'insupportable canicule des pays méditerranéens, l'accueil froid et indifférent dans certains des pays visités). En tout cas, l'écrivaine traque scrupuleusement la vérité, qu'elle quelle soit : aucun aveuglement idéologique, aucune idéalisation ne venant gommer le côté rêche des choses ou des êtres, l'inverse étant tout aussi vrai : nous serons témoin de ses émerveillements sincères, du respect qu'elle montre pour celles et ceux qui le méritent, etc.
La vérité, rien que la vérité. Ce foisonnant voyage dans l'espace, le temps, la société, les idéologies et régimes politiques de l'époque se double donc d'une passionnante exploration par l'écrivaine de sa propre géographie intérieure. Car non contente d'exposer (action accrocheuse, descriptions talentueuses, présentation aérée en chapitres courts), Claudine Lux ne craint pas de s'exposer : si elle s'efforce toujours de comprendre les autres, elle est en même temps constamment en quête d'elle-même, aussi bien à l'époque des faits rapportés qu'à celle de l'écriture du livre) : sans complaisance avec les autres, dès lors qu'ils méritent son opprobre (le passé nazi de certains, la superficialité de Klaus, etc.), elle ne l'est pas davantage avec elle-même, ne gommant aucun aspect de sa propre singularité, qu'il soit plaisant ou déplaisant (sa passion pour l'art et la littérature, en particuliers allemands, sa farouche volonté de créer, son sens esthétique, son exigence parfois admirable parfois excessive au regard du comportement courant, sa raideur un peu janséniste). Il n'est pas jusqu'à sa vie la plus intime dont elle ne livre des aspects, pas toujours "feel good" comme on dit maintenant. Vous suivrez avec intérêt ses interrogations en toute franchise sur l'amour, le désir, la séduction, l'union des corps et des cœurs, le mariage, la grossesse, l'avortement ; en résumé sur ce que c'est qu'être femme.
Au bout du compte, je ne saurais trop recommander ce livre remarquable à tous égards, dont un style qui va toujours à l'essentiel, avec une distance qui exclut la sentimentalité mais pas la sensibilité. Claudine Lux n'a qu'un défaut - mais qui ne lui est pas attribuable : elle est trop peu connue. Le serait-elle davantage, "Les pérégrinations de Klaus et de Clotilde" figurerait à coup sûr dans la présélection de plus d'un des grands prix littéraires de ce pays.
Un ouvrage que je recommande fortement ! C'est un regard très enrichissant sur l'Allemagne des années d'après-guerre mais c'est aussi une traversée dans l'univers intime de Clotilde, dans celui de ces personnes qui croisent son chemin. Il y a une loyauté remarquable de Clotilde envers ces personnes et ce livre m'a vraiment émue. Lire ces pérégrinations dans divers pays m'a permis aussi d'avoir un éclairage sur ce qui anime l'auteure, sur la force de ses écrits, aussi…
Quel talent une fois encore dans cet oeuvre de Claudine Lux.
Une lecture qui laisse une empreinte forte. Merci !