Guy Masavi dresse avec La Branlée un tableau talentueux de la France, du temps de « Nuit debout », quand des lycéens, des étudiants et de moins jeunes manifestants se confrontaient à la rue et aux forces de l'ordre pour faire entendre leur refus de la loi sur la réforme du travail. La situation qu'il décrit dans laquelle on croise les blackblocks est très évocatrice des temps qui courent. Déjà l'ultra-gauche se battait à Nîmes contre les CRS, contre la société capitaliste et les aberrations qu'elle fait naître. En plus de belles pages au sujet de ces affrontements, cette histoire policière amène le commissaire Mohammed Bakar secondé par le commandant Carrière à enquêter sur le décès d'un étudiant, auquel s'ajoute la mort d'un policier et la disparition d'un autre. La vie privée de Bakar - et fi de la morale petite-bourgeoise ! - se mêle à l'intrigue qui se déroule à Nîmes en passant par Marseille puis par les gorges du Gardon. Pour gagner la partie contre un assassin sans scrupules, il vaut mieux laisser de côté les bonnes vieilles méthodes et la routine policière, ou du moins savoir les enfreindre, et Bakar, le flic rebelle, n'hésite pas. À lire sans modération.

Un roman dont j'ai aimé l'humanité, l'équilibre. Un roman qui témoigne des mouvements sociaux tout récents. "Un roman qui pique les yeux" à plusieurs titres.