Il est question dans  ce petit livre des peuples du Nord de la Sibérie uniquement (et des LAPONS ou Sames). La "culture sibérienne" n’était répandue que dans la toundra et le nord de la taïga. Plus au Sud la taïga était influencée par d’autres cultures, particulièrement par celle des steppes. Dans les steppes boisées et surtout les steppes herbeuses, plus au sud encore, régnait en effet depuis 4 000 ans avant notre ère environ, "la culture des steppes" indo-européenne, puis turco-mongole. Elle se caractérise par un nomadisme avec chariots et chars, lié à l’élevage de grands troupeaux de chevaux et de bovidés surtout. Ceux-ci étaient laissés en semi-liberté mais surveillés et regroupés régulièrement. À  partir de 1 000 avant notre ère environ, ces peuples nomades sont devenus des cavaliers. La culture des steppes  (en Ukraine, en Russie du Sud, au Kazakhstan, en Mongolie, en Mandchourie…) est radicalement différente de la culture sibérienne. J’y insiste car on considère habituellement que ces régions de steppes font partie de la Sibérie…

Dans la toundra et le nord de la taïga, isolées du reste du monde, cette «culture sibérienne » (arctique et subarctique) était donc une des plus « misérables » et des plus stables au monde, de par la rudesse du climat et la pauvreté des ressources naturelles. Elle n’a guère évolué au cours des millénaires et la population ne pouvait envisager à aucun moment d’améliorer sa situation, contrairement à ce qui se passait au Sud dans les steppes eurasiatiques et dans les régions proches. Les Sibériens du Nord, contrairement aux Scythes et à leurs successeurs, n’ont jamais connu dans l’Antiquité la métallurgie ni l’usage du cheval, ni les troupeaux de bovidés. À part le chien, leur seul animal domestique était le renne, à moitié sauvage et seulement apprivoisé vers le premier siècle avant notre ère dans certaines régions, beaucoup plus tard ailleurs. En dehors de cet élevage, leurs ressources principales étaient la chasse, la pêche et peu de cueillette. Restés « à l’âge de la pierre », ils n’étaient pas en mesure de se livrer à des raids guerriers contre les peuples du Sud mieux équipés qu’eux. Ils préféraient donc s’en éloigner. Ils ont ainsi vécu en vase clos pendant des millénaires, et en méconnaissant parfaitement l’existence des civilisations d’Asie et d’Europe. Cela pratiquement jusqu’aux invasions de leurs territoires par les Cosaques, commencées bien après la découverte de l’Amérique par Colomb…

L’espace occupé par les tribus de culture sibérienne était immense mais peu peuplé. Dans sa partie la plus septentrionale, il s’étend des côtes de Norvège sur l’Océan Glacial Arctique jusqu’au détroit de Béring et au Kamtchatka. Pour ma description de tous ces peuples du Grand Nord dans ce livre, je voyagerai d’ouest en est, depuis le nord de la Scandinavie  jusqu’au Kamtchatka.