Quel travail colossal de documentation derrière ce long roman-western, qui fait s’entrechoquer dans une large fresque des personnages célèbres de l’Ouest sauvage avec d’autres moins connus ! Leur barbarie, qui fut bien réelle, nous est exposée encore plus crûment que dans les films de Sergio Leone. J’ai lu Les derniers jours d’une légende carte des USA et encyclopédies à portée de main (et Wikipédia bien sûr !), et presque le Colt à la main, car on m’a offert il y a bien des années une reproduction italienne d’un revolver « Colt Police 1862 ». Manque de chance cette histoire se déroule de 1859 à 1861 !
Les décors d’extérieur sont somptueux, les constructions humaines nettement moins.
Toutefois par endroits le style m’a paru un peu anachronique, de même que la présence dans certaines mains du « Colt Peacemaker », qui n’a été conçu qu’en 1872, dix ans après la mort de Samuel Colt et onze ans après la fin de ce récit. Il faut dire que les films américains et autres nous ont habitués à ces petites entorses à la couleur locale. Elles ont le mérite de rendre ce monde lointain plus accessible à notre mentalité moderne. Nous employons en effet tous les jours sans y prendre garde un vocabulaire psy, voire médical ou scientifique, comme « traumatisant, cri primal, prédateur, dépressif, déprimant, paranoïaque, empathie… », ce qui n’était évidemment pas de mise à cette époque, même en Europe.
Enfin Jean-Pierre Chatot sait nous tenir en haleine, et nous passionner pour les aventures à l’issue incertaine de ses personnages, réels ou fictifs, et c’est bien l’essentiel, non ?

Nous ne sommes pas dans le western classique qui regroupe cow-boys et Indiens. Bons ou méchants. Ici, on découvre des personnages bruts, violents pour la plupart, parce que c’est une forme de survie, mais qui détiennent cette part de sensibilité. Des hommes, des femmes aussi, avec leur force, mais aussi leur faiblesse, qui évoluent dans un monde dur, presque hostile. Les alliances se nouent aussi vite qu’elles se défont. Le but étant de survivre. À mon sens, le personnage de Curly Bill est le plus abouti, le plus complexe, d’une intelligence presque effrayante. Mais excellent. On découvre un manipulateur, jusqu’à la dernière page.
On voit qu’il y a un gros travail de recherches que ce soit au niveau géographique, politique, historique sur cette Amérique en pleine construction. On vit de l’intérieur la « colonisation » du pays. Il fallait un grand courage pour ces pionniers pour traverser ces terres pleines de danger et s’implanter sur ces espaces encore vierges.
J’ai été happé par l’histoire et ses personnages (avec un petit coup de cœur pour Doc et Kate).
Un page turner pour ma part qui débute à partir de la seconde partie, jusqu’au dénouement où l’on passe par une multitude d’émotions. La peur, l’espoir, la joie, la souffrance, la consternation...

enfin un polar sur l'Amérique version western passionnant ...
le bouquin fourmille d'anecdotes historiques, une foule de personnages bigarrés, ou le pire côtoie rarement le bien, une étude magistrale sur ce
qui a façonné tout un peuple, un destin certes forgé dans la violence mais qui a accouché au forceps d'une démocratie a l'image du vieux continent.
comment des millions de migrants fuyant la vielle Europe, aventuriers de tout poil, fuyant la misère, la persécution religieuse ont pourtant réussit a façonner ce nouveau monde . je vous laisse le plaisir de le découvrir à votre tour ... bonne lecture