J'ai eu l'occasion de lire l'une des nouvelles de ce livre, selon cette lecture partielle voici ce que je peux en dire :
Quelle densité, quelle intensité, il m’est difficile de distinguer le fond et la forme tant chaque phrase s’incruste à son contenu, donnant chair à chaque émotion.
"L'autre bout du monde" excelle, ligne après ligne, à nous restituer seconde après seconde ce parcours agonique lucide et implacable.
Ce texte puissant, en jet monolithique, nous amène au pied du mur ou plutôt au fond d’un trou sans fond. Il nous force à chercher une issue, une fêlure qui pourrait laisser passer un peu de lumière.
Cette nouvelle est un geste artistique et créatif sans pareil (à ma connaissance). Je m’interroge sur sa finalité et sa raison d’être car il n’est pas question ici uniquement d’esthétique littéraire, même si elle y brille. Cette nouvelle pourrait détenir des vertus thérapeutique et/ou préventive selon que l’on considère le passé ou un possible pire à venir. Ce texte au présent, dans une langue saisissante de réalisme (pour en avoir vécu une variante), propre à nous conscientiser d’un processus qui pourrait s’avérer fatal.
Je conçois de m’avancer sur un territoire délicat, ou la rationalité peut laisser place à une forme d’intuition. Toutefois le suicide est un fait de société trop fréquent pour ne pas lui accorder chaque opportunité d’issue heureuse.
Il est encore possible que ce tableau hyperréaliste permette à des parents de porter un regard nouveau sur le parcours souffrant d'un enfant…
C’est avec cette espérance, qui commence parfois lorsque l’espoir s’achève, que je vais donner mes étoiles à cette nouvelle, qui le mérite aussi par ses qualités d’écriture exceptionnelles.