Je l’ai déjà évoqué, mais cette lecture mérite d’y revenir. Pendant de longues années, l’exercice de ma profession a exigé que je « digère » quotidiennement rapports, notes et tableaux qui se succédaient sur mon bureau. J’excellais dans ce genre d’exercice. Lire très vite... éliminer le superflu pour n’aller qu’à l’essentiel... un « stabilo » mental en quelque sorte. Mais, lorsqu’il s’est agi de revenir à la lecture « classique », ce qui était une qualité s’est vite révélé être une très mauvaise habitude… du genre de celle dont on se défait difficilement.
Commentant le tome 3, je concluais par : « Faustine m’a réappris à lire ». J’ignorais encore à quel point il me restait des progrès à faire.
Pour ce quatrième tome dans lequel Faustine nous immerge dans son quotidien « américain », il m’a encore fallu être bien plus attentif... chaque détail, chaque mot a son importance et exige qu’on le soit.
L’acuité des souvenirs de « l’immigrante » et la précision avec laquelle ils sont restitués sont pour le moins étonnantes. Étonnantes sans doute, mais combien captivantes. Cette plongée dans l’Amérique des années 80 mériterait d’être répertoriée dans la division « Anthropologie » des meilleures bibliothèques. On y découvre les qualités… il y en a quand même, mais aussi les travers d’une société peut-être plus corsetée qu’il n’y paraît et sur laquelle Faustine promène son regard qui, d’émerveillé et bienveillant, évolue vite de lucide à critique.
Je me suis laissé emporter par cette écriture vive, souple, souvent espiègle... au rythme parfois très soutenu, mais dont le paradoxe est justement qu’il faille la lire lentement pour n’en rien perdre.
Je me suis donc laissé porter et j’ai retrouvé les traces de ce que j’avais brièvement connu à la même époque, mais surtout beaucoup de mon âme sœur qui assurément était encore plus sévère avec ses compatriotes que ne l’est Faustine.
Au même titre que les trois précédents, ce tome de la saga « Faustine » est une « pépite » à lire et à relire sans modération.