Une étoile aussi. Un sujet pourtant intéressant. Une mise en avant alléchante ("Enquête en milieu sectaire").
Suis à peu près complètement d'accord avec l'analyse de Nicole Delorme. Peu de rigueur dans la méthodologie d'enquête. Peu de rigueur dans la forme. Beaucoup d'à-prioris, de mépris, de méconnaissance en culture religieuse.
Je me demande même si l'auteur a réellement fait ce qu'il dit avoir fait dans son livre. En tout cas, je pose la question. Les dialogues rapportés, par exemple, m'interpellent...

Tout cela est bien dommage, car la lutte contre ce genre de sectes ou assimilées et la mise en garde du public, en particulier des personnes fragilisées, est vraiment utile et nécessaire. Je ne pense pas que ce livre y contribue réellement, au-delà de l'intention affichée.

Je n'ai mis qu'une étoile à ce document et vais donc faire un compte rendu de lecture détaillé.
Mes observations sur la forme :
Ce documentaire aurait mérité d'être découpé avec un prologue et des chapitres. Cela l'aurait rendu plus facile à lire et analyser. Le style est neutre, trop "parlé" pour mon goût. Ce n'est pas parce que l'on écrit un essai ou un document qu'il faut négliger une certaine exigence sur la forme.
Mes observations sur le fond:
Le livre se veut être une "enquête" en milieu sectaire. Un sujet aussi complexe et ambitieux aurait mérité un prologue sérieux et l'exposition claire du but recherché. Or quelques lignes indiquent sommairement que l'auteur est intéressé par le phénomène sectaire : "Il y a bien longtemps que ce phénomène m'intrigue. Depuis tout jeune ce genre d'organisation a toujours éveillé ma curiosité." Puis suivent quelques paragraphes exposant avec un manque de rigueur évident ce qu'est une secte, l'historique des mouvements sectaires, paragraphes donnant l'impression que l'auteur, plutôt que de lire des ouvrages et des articles de journaux sérieux sur le sujet (il y en a pléthore) s'est contenté de lire Wikipedia et quelques articles sur Internet. Suite à ce préambule, l'auteur annonce qu'il a décidé d'enquêter sur une secte proche de chez lui, en Bretagne. Il s'agit du mouvement IVI. Il se fait passer pour un chômeur dépressif au cours d'un entretien avec un homme âgé, membre depuis près de 30 ans du mouvement "religieux" créé par Yvonne Trubert. Suivront d'autres visites, durant lesquelles on comprend clairement que les membres de ce mouvement sont des personnes en souffrance qui sont tombées dans les mailles de cette secte qui prétend tout soigner par la prière (même le cancer)et qui vit en soutirant de l'argent aux adhérents. Ce serait loin d'être inintéressant car la description des pratiques est cocasse et tragique en même temps. Malheureusement l'auteur croit bon d'insister avec cruauté sur certains traits de personnalité de celui qui l'initie, le traitant de pervers, de "vieux dégueulasse". Je cite un passage qui m'a beaucoup heurtée par son homophobie :"J'essaie tant bien que mal depuis mes débuts ici de lui faire comprendre que la bise entre hommes, pour moi, c'est un truc de fiottes".
Autres points choquants : l'auteur narre avec force cynisme qu'il a réussi à interviewer une ancienne adhérente pour en savoir plus. Sentant la dame réticente, il se fait passer pour un policier. L'entretien fini, il ne lui explique pas qu'il n'est pas du tout flic. Cette personne s'est faite berner. Comment peut-on écrire sans avoir honte un tel manque d'honnêteté. Plus loin, l'auteur "avoue" avoir subtilisé un jeu de clés et être entré sans autorisation dans le local de la secte avec un ami... Sans commentaire.
Le reste du livre consiste à exposer son expérience de faux adepte dans deux autres mouvements. Là encore, descriptions édifiantes, mais sans analyse et avec beaucoup de mépris.
Je peux comprendre que Maxime Le Méhauté soit en rage contre les sectes, mais ce n'est pas en se moquant, ni en utilisant des moyens plus que douteux que l'on peut lutter efficacement contre elles. Qu'il laisse les pros journalistes et membres de la police ou de la gendarmerie faire leur travail. Parce qu'un livre aussi peu rigoureux, on ne peut que regretter de l'avoir acheté.