Un livre qui m'a bouleversée, parce qu'il résonne dans mon histoire personnelle et mes relations avec ma propre mère mais il n'y a pas que cela. L'auteure écrit très bien, avec un réalisme poignant, et sans concession. On traverse la vie de l'auteure et les méandres de ce que vit aussi sa mère; certes une vie de souffrance pour la mère. Je n'ai pas envie de mettre une étiquette sur la maladie dont elle semble souffrir ou d'émettre un jugement mais quelle terrible épreuve pour les enfants, tout de même. Je retiens surtout le courage et la force de la narratrice qui a su dépasser ceci. La présence chaleureuse de la grand-mère et son soutien ont certainement protégé les enfants ou contribué à leur résilience… Un livre à découvrir, vraiment car il ne laisse pas indifférent. Merci à l'auteure !

Je connaissais le texte que j'avais lu sur Atramenta mais je l'ai relu sur papier, ce qui permet d'avoir une vue d'ensemble très cohérente.
Tous les soirs, j'ai relu un ou deux chapitres pour bien m'imprégner de ce qu'a pu vivre la narratrice avec sa mère.
Une mère pas comme les autres en effet: vivante et gaie dans sa jeunesse, amoureuse à seize ans pendant la Seconde guerre mondiale d'un Autrichien, d'où un souvenir idéalisé et déchirant. Ensuite un mariage sans grand amour
et un séjour dans l'Allemagne occupée par les Français où elle mènera une vie facile. Elle reviendra en France avec une folie des grandeurs et des difficultés d'ordre caractériel de plus en plus manifestes. A l'égard de ses parents, elle ne montre aucune empathie et ne semble éprouver aucun amour pour sa fille. Son refrain: "Quand on a une fille, on n'a rien." Il en ira autrement pour son fils Hugues qui naît peu après.
La narratrice mène jusqu'à son propre mariage une vie bousculée entre une mère qui fait plusieurs séjours à l'hôpital psychiatrique et des grands-parents bons et très aimants. La grand-mère, surtout, est sa grande confidente et son amie.
Sans arrêt, on se pose la question: de quelle maladie mentale souffrait la maman? Une maladie où les déraillements alternaient avec des périodes de cohérence et un état de paix relative. Lors de ces déraillements, une agressivité extraordinaire, des piques injustes pour rabaisser les parents et surtout sa fille qui trouve rarement grâce à ses yeux.
Jusqu'à sa mort à quatre-vingt-quatre ans si je ne me trompe, il en sera ainsi. Les deux enfants, soudés dans l'ensemble, la porteront à bout de bras, jamais tranquilles.
On se demande comment la narratrice a pu survivre sans être entraînée elle aussi dans la folie. Sans doute l'amour des grands-parents a-t-il été d'une importance primordiale mais il y a aussi chez notre auteure une force de caractère exceptionnelle, une bonté naturelle, un goût des livres précoce qui l'a beaucoup aidée. Si elle n'a pas pu réaliser son rêve de devenir institutrice, elle a écrit très tôt : ce fut un exutoire et une grande lumière dans la nuit.
Geneviève écrit bien. Pas un mot de trop, elle ne cherche ni à embellir ni à enlaidir, elle ne se fait pas de cadeaux non plus. C'est la vérité qu'elle recherche avant tout, ce qui n'est pas facile quand on trace le portrait d'une mère difficile. Je terminerai en disant que ce livre est aussi un document d'importance pour un psychologue.
La présentation de l'ouvrage est très agréable. Bravo!