Une histoire d’une tristesse infinie. Une œuvre magnifique résumant le parcours difficile d’un instituteur bouleversé par la haine des gens et leur ingratitude et qui doit traverser des ambiances dans l’angoisse et la phobie, ou la malédiction d’Allah qui semble le mettre à l’épreuve ici-bas pour lui accorder le paradis éternel…

Avant de devenir lui-même instituteur, il fut victime du « Robuste », un instituteur colosse dénué d’émotion qui avait la gifle foudroyante.

Puis, à l’âge adulte, il rencontre des moments d’amertume, de désespoir, de dégoût. L’existence lui semble inutile. La malchance le pourchasse. Il subit tant de nouvelles affectations et les produits nécessaires (le pain, l’huile, le sucre) s’avèrent introuvables. Le pain est souvent rassis ou moisi, selon le temps, ou rongé par les souris ou les cafards.

Des classes surchargées d’élèves étouffés par la pauvreté. Des situations souvent lamentables, composant avec les araignées, les scorpions, les démons. Un salaire de misère après treize années de travail. Personne ne veut habiter dans ces habitations vétustes qu’il occupe pour enseigner. Bref, il s’agit d’un très lourd bilan tout au fond de sa mémoire. Puis, lors d’une de ses nombreuses affectations, un sentiment d’abandon l’envahit.

Or, il estime qu’il ne faut jamais rendre la haine par le mal. La déception lui fait réaliser qu’il n’est pas conforme, qu’il est l’original de lui-même.

Nous savons si bien que les chapitres d’une vie ne sont pas aisés à formuler. Or, Abdellah a su rendre son histoire avec une étonnante limpidité. C’est en cela que cette œuvre est remarquable.

Un récit fort émouvant et si bellement présenté. À la lecture d’une telle œuvre, je voyage au gré de l’auteur. Je me laisse transporter dans son univers. Voilà une oeuvre qui nous fait grandir, une si belle leçon de vie que je recommande à tous…

Andrée