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Éden de glace
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- Catégorie : Chronique
- Date de publication : Novembre 2019
- Éditeur : Atramenta
- Distributeur : Atramenta (exclusivité internet)
- ISBN : 978-952-340-564-6
- Format : 148x210mm, 244 pages
- Pages : Noir et blanc sur papier bouffant 80g
- Reliure : Couverture souple, finition brillante
- 9 sur 10 (6 avis)
Présentation
Un voyage virtuel de la narratrice dans le Grand Nord, au Svalbard et au Iamal en Sibérie occidentale. Lasse des horreurs du monde et désireuse de surmonter certaines douleurs intérieures, elle part avec Internet à la recherche d’un monde alliant pureté et beauté. À mille kilomètres des pôles, elle pense le trouver dans des paysages de glace apparemment immaculés sous un ciel qui enchante le peintre par la richesse infinie de sa palette. Sur l’île de Spitzberg, elle découvre dans les villes russes de Pyramiden et Barentsburg des survivances de l’empire soviétique et, au Iamal, la perpétuation d’un mode de vie ancestral chez les Nénètses, éleveurs de rennes. Comme tous les peuples autochtones de la planète, ces derniers ont un comportement ambivalent vis-à-vis de la modernité et perdent le plus souvent leurs repères millénaires.
Dans les deux régions explorées, l’exploitation forcenée des énergies fossiles souille la nature qui se révolte : maladies venues du sous-sol, émission de gaz à effets de serre, modification du climat, sécheresse et incendies, etc.
C’est dans ce cadre que la narratrice se met en scène dans un perpétuel va-et-vient entre sa propre réalité et celle de personnages plus ou moins fictifs qu’elle prétend rencontrer au cours de ses voyages.
Mots clés : pureté, beauté, lumière du grand Nord
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L'avis des lecteurs
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- 4.5 sur 5 (6)
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Éden de glace est un livre inclassable, un livre très différent de ceux que j'ai pu lire de Claudine.
S'il est question de voyages ici, il s'agit plus de voyages intérieurs, bien qu'ils prennent l'apparence de périples dans des contrées réelles où la narratrice fait des rencontres et entame souvent des discussions dans lesquelles reviennent les préoccupations qui lui tiennent à cœur, celles des peuples autochtones par exemple ou le devenir des sociétés ayant tenté, à un moment de l'histoire, de construire un monde plus juste.
A travers ces voyages, nous sommes conviés à une quête que l'on sent poindre à chaque page : celle d'une beauté et d'une virginité perdues. Et c'est là, dans ce Grand nord éloigné de ce que les géographes appellent "l'écoumène" (la partie habitable de notre globe) que l'auteure croît pouvoir trouver ce qui reste de pureté dans un monde voué à la violence et la destruction.
Bien sûr, Claudine n'est pas dupe de la réalité de ces terres aujourd'hui souillées comme le reste de la planète et de la lutte qui se mène ici aussi pour la vie quotidienne, mais l'essentiel est sans doute ailleurs.
Des mots en portent trace : on pourrait évoquer ce moment face au glacier de Monaco, la halte sous l'aurore boréale, le face à face avec un phoque... Une fusion avec la nature qui exprime ce puissant besoin de retrouver un lien perdu, ce lien que connaissent encore les peuples autochtones dans leurs modes de vie en voie de disparition. Cette quête pourrait-elle être une quête de spiritualité ? Le mot est enfin lâché et résume peut-être mieux que tout autre ce qui se joue ici avec une indéniable tendance à la nostalgie, mais une nostalgie parfaitement lucide.
L'autre aspect de la chronique, alternant avec les voyages "virtuels", nous ramène à la difficulté de vivre lorsque ce sont les proches qui souffrent et s'en vont. Alors le voyage n'en prend que plus de sens, ce voyage intérieur que tout le monde peut faire en suivant son doigt sur la carte ou par tout autre moyen, mais que tout le monde ne portera peut-être pas aussi loin dans son intérêt passionné pour tout ce qui relève du vivant et de l'homme. Car c'est le point vers lequel convergent tous les écrits de Claudine, je pense, cette exclamation qui surgit à la page 110 :"Où sont les hommes, mais où sont les hommes ?"
Moi qui ait passé des journées entières je pense, à contempler des cartes et à rêver de tout ce qu'il y avait derrière, je ne peux pas être insensible à cette chronique. Car je sais aussi que derrière les cartes, il y a des hommes.
L'auteure, Claudine Lux, est passée maître dans l'art du récit de voyage.
Elle nous a déjà régalés par le passé de la chronique ultra personnelle de ses pérégrinations dans divers pays du globe. Il y eut l'Allemagne bicéphale des « Pérégrinations de Klaus et Clotilde», le Maroc équivoque des "Sortilèges marocains" (le Maroc), l'Iran tyran de « Quiproquo au bord de la mer Caspienne», l'Uruguay contrasté d' "Au pays du maté doux-amer". Le Brésil, le Sénégal et peut-être d'autres pays encore encore attendent leur parution papier.
Claudine Lux se distingue par de nombreuses qualités, son sens aigu de l'observation, son style ciselé mais toujours abordable, sa curiosité insatiable pour la géographie, les paysages, les climats mais aussi (et surtout peut-être) soif de connaître son prochain, qui ne serait autrement, du fait de la distance, que pure abstraction. Son prochain, c'est à dire l'être humain considéré non seulement dans son individualité intrinsèque mais aussi en tant qu'entité façonnée par sa culture, ses coutumes, son système politique, l'histoire de son pays. D'où un intérêt du côté du lecteur qui ne faiblit jamais. Et omme si cela ne suffisait pas, à ces qualités remarquables vient s'ajouter une vertu cardinale : l’honnêteté. Pas d'idées toutes faites, de clichés, de présupposés projetés sur la réalité à laquelle la voyageuse se collette mais un fécond questionnement permanent. Claudine Lux a soif d'expérience : elle veut sincèrement, j'irais jusqu'à dire goulûment, connaître autrui, ce qui n'est pas une mince affaire, surtout quand cet(te) autre appréhende la réalité via un code différent du nôtre. En cas de dialogue de sourds, la voyageuse ne le nie pas. Si un comportement la dépasse, elle ne fait pas semblant de comprendre. Elle ne fait pas non plus la leçon aux « sauvages », bien au contraire, elle profite de son désarroi occasionnel pour remettre sur la sellette ses propres valeurs, sa propre subjectivité, ses propres convictions. Et n'est pas toujours tendre avec elle-même ! De tous cela nait une lecture riche de sens : pas de propos oiseux, pas de formules creuses, pas une page en trop. . Claudine Lux allie le talent littéraire de Paul Morand au regard franc et intègre de Nicolas Bouvier.
Depuis quelques années, Claudine Lux voyage moins, sur de plus courtes distances, voire plus du tout. Et pourtant, surprise, elle continue à produire ses fameux récits de voyage ! Paradoxe plus apparent quand on sait que ses plus récents écrits, à l'instar de cet « Éden de Glace », sont devenus... virtuels. L'auteure a toujours rêvé du Grand Nord, elle est confinée chez elle, qu'importe, elle y ira quand même ! Des ailes imaginaires et la voilà envolée pour ce Svalbard et cette Sibérie qui l'attirent tant. Une touche d'imaginaire et de poésie en plus (la Mary Poppins lorraine y fréquente des oiseaux nordiques, les morses et même... un ours blanc) mais la formule générale reste la même. Nous parcourons avec elle fjords échancrés, glaciers bleus, banquises et neiges éternelles ; nous visitons des localités dont le nom sonne étrangement à nos oreilles (mais dont elle nous éclaire l'étymologie), Longyearbyen, Ny-Ålesund, Barentsburg, Pyramiden. Et bien sûr, comme lors de ses voyages précédents, elle fait des rencontres. On l'entendra ainsi dialoguer avec des Norvégiens, des Russes, des étudiants français, un ingénieur russe, un vieux Nénetse (peuple premier sibérien). Un peu d'histoire aussi, une réflexion inquiète mais sans lourdeur sur le réchauffement climatique et sur les relations Est-Ouest dans l'Arctique en constitueront le volet didactique . Quelques brefs retours au village assureront l'approche intime, comme un répons en canon à la mélodie principale.
Comment cette relation d'un voyage qui n'a pas eu lieu a-t-elle été rendue possible, me direz-vous ? Tout simplement par le biais de recherches approfondies. Des données qu'il convient d'insuffler dans des personnages qui semblent plus vrais que nature. A lire ce récit plein de vie, on réalise que Claudine a relevé le défi haut la main : on ne peut faire la différence avec ses autres récits de voyage que par son côté magique façon « Jonathan le Goéland ». Le reste est tellement incarné qu'on jurerait que tout ce qui est raconté s'est réellement produit. A telle enseigne que ce livre « rêvé » est aussi bon que ceux fondés sur le vécu, avec une petite touche de fantastique en plus, ce qui ne le rend que plus séduisant encore. En somme, un livre édénique qui ne laisse pas de glace !
La narratrice a le don de voler comme Peter Pan et la fée Clochette: grâce à son imagination et à Internet, elle "attache ses ailes et la voici poussée par une grosse bourrasque de neige", atterrissant dans le Grand Nord. Ce voyage virtuel est à la fois un conte qui nous fait retrouver une âme d'enfant et un récit descriptif précis où l'on va de découverte en découverte, dont celle de l'auteure face à la cruauté du monde et de la vie. Par une recherche constante du mot juste, Claudine Lux a fait "d'Éden de glace" un livre brillant que j'ai adoré.